Extrait du livre "les Chercheurs de Sons "
aux éditions "Alternatives"


ARMEL PLUNIER
L'Ange des Sons


Armel Plunier est un aventurier d'un genre nouveau. Son métier ? Bricophoniste (traduisez, façonneur de sons). Alors que certains explorateurs parcourent le monde à la recherche de contrées encore vierges de toute civilisation, lui, part à la découverte des sons ; des plus courants au plus incongrus, des plus quotidiens au plus inattendus. Pour les faire surgir du silence, il invente de drôles de machines, célibataires ou associées, grâce auquelles les bruits les plus divers peuvent prendre sons.

Cette passion n'a pas surgi un beau jour, débarquée de je ne sais quelle galaxie inconnue. Elle s'est installée petit à petit, a pris ses aises, avant d'exploser sous le discret soleil breton. Quand on sait que la grand-mère d'Armel Plunier possédait un piano pneumatique, on ne peut s'empêcher d'y voir la première pierre (prémonitoire) sur le chemin tout tracé d'un futur Petit Poucet de la «  Nouvelle Musique Mécanique Populaire  » ,ainsi qu'il aime lui même à définir aujourd'hui sa musique. A Vannes, à l'âge de huit ans, il se prend de passion pour Sidney Bechet puis, à l'adolescence, stimulé par son environnement familial (son père et son frère sont musiciens), il découvre les Beatles , se passionne pour le jazz et le rock « progressiste », débute l'étude de la clarinette, et commence à se livrer à toutes sortes d'expériences sonores. Armé d'un magnétophone, il enregistre les bruits de la maison (grincement de porte, gouttes d'eau, ...) puis les passe à l'envers, au ralenti jusqu'à les rendre méconnaissables. Intuitivement, marchant sans le savoir sur les traces de Pierre Schaeffer et Pierre Henry , deux des pionniers des œuvres pour bande magnétique, il vient de redécouvrir la Musique Concrète. . Il suit ensuite à Strasbourg une double formation à l' École de Musique et à l'École des Arts Décoratifs. Dans cette dernière institution, il opte pour la sculpture et travaille surtout le métal, puis fait le choix d'y introduire une nouvelle dimension encore peu répandue à cette époque (1977) le Son . De ces deux disciplines naîtront ses premières tentatives de Plasticien Sonore et de Musicien Visuel . Il s'intéresse à la Musique Bruitiste et participe avec ses instruments inventés aux jeux d'improvisations sonores du Fossé des Treize à Strasbourg, organisés par les membres du groupe naissant Kat Onoma . Il se livre alors à «  diverses expériences mettant en relation le visuel et le sonore, les arts plastiques et la musique, comme par exemple une série de haut-parleurs préparés, diffuseurs et générateurs de leurs propres sons. »

En 1980 il découvre à Berlin la 1 ère grande exposition internationale intégrant le son dans les arts plastiques : « Für Augen und Ohren ». Il est frappé par le travail de certains artistes contemporains tel que Takis pour l'approche physique et plastique de son œuvre ainsi que par Sarkis et Beuys avec qui, quelques années plus tard, en 1986, il exposera au Château de Saverne (67) sous la forme d'une installation « In Situe », son simplissisme et minimaliste OBABAO. Celui-ci sera vu aussi à la galerie des Beaux Arts de Nantes, à la Maison de la Culture André Malraux de Reims et dans le cadre de la manifestation nationale : « Coup de Talent dans l'Hexagone » à Lille.

Toujours dans la même année 80, il intègre une nouvelle dimension dans ses créations : le Mouvement , qui le conduit à développer la notion d' « Art dans la rue  », principalement prégnante dans son travail aujourd'hui. Il crée sa première œuvre marquante : le TRICYCLE SONORE , véhicule musical urbain d'un genre nouveau. Profitant des éléments d'origine de la bécane (pignons, pédaliers, chaînes, roues), il adapte aux mouvements de rotation, des souffleries, des instruments à percussion, des «maracas circulaires» et autres pièces sonores tintinnabulantes. Puis, perché sur ce nouvel objet roulant (et sonnant) non identifié, il parcourt la ville de Strasbourg (sans trébucher) enregistrant en même temps les sons de l'environnement comme trace de ses trajets quotidiens.

Mais la mer lui manque, il quitte Strasbourg, s'installe à Nantes où il ouvre une boutique de fer forgé et d'objets insolites, tout en poursuivant sans relâche ses recherches, des installations qu'il appelle alors DISPOSITIFS et DRAMATIQUES INSTRU-MENTALES pour les créations vivantes.

A partir des années 90, Armel Plunier s'inscrit désormais dans ce qu'il appelle une certaine forme de Nouvelle Musique Mécanique Populaire . Suivront, sous forme d'environnement interactif, un ensemble de sculptures sonores automatisées, exposées dans des espaces culturels et lors de festivals. En juillet 1996, cette reconnaissance médiatique lui a notamment valu la « Manivelle de bronze de la Musique Mécanique » aux Gets en Haute Savoie, lors du Festival International de la Musique Mécanique.

En 2000 à Lille, il a été également invité à la première édition du festival « Les Chants Mécaniques » issu du réseau Polymachina  .

Les Sculptures Sonores d'Armel Plunier sont composées d'ossatures en bois où les couleurs primaires se déclinent comme une signalétique imaginaire délimitant l'espace. Par ailleurs, la palette des matériaux employés provient du rayon des magasins de bricolage ou de matériel industriel courant (gaines d'aération, fûts, rouages de machines à laver, cônes de chantier, moteurs d'essuies glaces de camion, tiges filetées, tuyaux annelés d'écoulement d'eau ). Nous pouvons y reconnaître un ensemble d'objets du quotidien (entonnoirs, tuyaux d'arrosage, câbles de frein de mobylette, pompes de bateau de plage). Dans une esthétique «  Ligne Claire  » chacune d'entre elles développe sa propre identité mais c'est dans leur interrelation qu'elles créent leur cohérence spatiale, comme un moment de respiration. Cet univers sonore et visuel cherche à entraîner le public vers de nouvelles découvertes sensorielles, à faire surgir à travers les formes, les mouvements, les couleurs et les sons, cette part d'enfance toujours présente derrière les codes et les conditionnements sociaux. L'ensemble étant régi par un système électronique aléatoire, la surprise est totale.

A l'aide de croquis, de dessins et d'épures, l'élaboration des sculptures prend forme :  « Je travaille le plus souvent sur les principes acoustiques fondamentaux qui sont actuellement tous répertoriés. Mon but est alors de les décliner à travers des mises en mouvement, des mises en espace et des mises en situation. En dehors de ce chemin organologique, tous les autres sons bruts (électrons libres), peuvent être soit choisis et intégrés dans un travail artistique conçus suite à une réflexion préalable, soit inventés par tâtonnement empirique. Enfin, la pertinence de la démarche permettra de donner du sens à la création ».

L'intégration du mouvement dans son travail se poursuivra avec la création en 1992 de L'ANGE ORCHESTRE, une relecture du personnage de l'homme-orchestre, autrefois très présent dans les foires et autres fêtes foraines. Entièrement recouvert d'une combinaison blanche, masqué de blanc, Armel Plunier déambule dans les rues, dans les parcs et jardins, lors de multiples fêtes des arts de la rue. Harnaché d'une étrange armure instrumentale lestée de bidons, à laquelle sont rattachés tous ses accessoires tel un véritable théatre d'objets, il investit l'espace de sa présence physique, insolite et fascinante, soutenue par les sonorités bruitistes produites par sa machine orchestre. Ce travail d'animation musicale s'est poursuivi en 2001 avec la naissance de la BOÎTE À MUSIQUE sous forme d'une remorque-manège où le kitch n'est pas exclu. Conçue avec les matériaux de sa palette préférée, Armel Plunier intègre cette fois des éléments de meubles Henri II, citation participant ainsi à une esthétique Rétro-futuriste . Dans la rue, sur une place, au détour d'une promenade, cette nouvelle création offre au public et principalement aux enfants d'être les maîtres du jeu. Manivelles, boules, cordelettes, pompes et boutons électriques sont autant de possibilités interactives. L'ANGE ORCHESTRE, héros extra-terrestre, et la BOÎTE À MUSIQUE avec son concerto d'angelots bien rigolos , figurent la face émergée et populaire d'un travail plus profond représenté par les sculptures sonores. Une dimension ludique et enfantine caractérise ses deux aspects de Musicien Visuel.

Aujourd'hui Armel Plunier poursuit son chemin de Bricophoniste , inventant de nouveau «  ARMELOPHONE  », créant des machines musicales inédites, apportant une dimension singulière à la Musique Mécanique du 21 ème siècle.


BRICOPHONISTE 

ARMEL PLUNIER
La Roche St Louis 44680 STE PAZANNE
Tel./Fax 02-40-02-64-44

http://www.exporegie.com/FE/081-01.html
armel. plunier@wanadoo.fr


   Armel Plunier Bricophoniste, La Roche Saint Louis - 44680 Sainte Pazanne - Tél./fax : 02.40.02.64.44 - email : info@bricophoniste.com